Poitiers-Libération
La fermeture du bureau de poste
qui indigne et mobilise !
Malgré une opposition d’ampleur qui s’est traduite, dès juin 2024, par une mobilisation importante des citoyen·nes, des usager·ères, des associations, des syndicats et des élu·es, ainsi qu’une pétition que plus de 8 100 personnes ont signée, le bureau de poste de Poitiers-Libération a fermé.
Si tout le monde est dépité, il n’en reste pas moins que pour plusieurs personnes, c’était la première fois qu’elles s’impliquaient en participant à de nombreuses réunions, aux cinq manifestations, à la confection de banderoles, aux opérations de comptage de la fréquentation, à la rédaction de courriers pour interpeller les élu·es et les dirigeant·es de la Poste, etc.
Il faut quand même avoir en tête que, depuis que la Poste a été transformée en société anonyme, elle a fermé 147 bureaux de poste sur 193 dans la Vienne !
Il est hors de question que les fermetures continuent. On peut être sûr que quel que soit le prochain bureau concerné, il n’y aura pas que la population concernée qui se mobilisera.

Ludovic Devergne, conseiller départemental de Poitiers-2 (Couronneries, Poitiers Ouest, Buxerolles où le bureau de poste a fermé), et moi-même, au nom du groupe La Vienne en transition avons envoyé une lettre au PDG de La Poste, Philippe Wahl, que nous avions interpellé au cours des Assises des départements de France à Angers en novembre 2024.
Le mépris envers la population et les salarié·es de la Poste (à travers les élu·es) s’est traduit par une longue réponse de la déléguée régionale Nouvelle-Aquitaine qui n’est basée que sur un seul argument : les prévisions hypothétiques d’une fréquentation qui serait en baisse. J’ai eu beau relire la lettre, nulle part je ne vois « Service public ».
N’oublions pas que l’Etat a une part de responsabilité dans la suppression de tous ces bureaux de poste, puisque c’est un des principaux actionnaires de la Poste (34%) avec la caisse des dépôts (66%).
La Poste a été privatisée par la loi de 2010 (présidence de Nicolas Sarkozy). Et l’on sait que la moitié des bénéficiaires des aides sociales ont leur compte à la banque postale qui joue un rôle social essentiel avec des tarifs relativement bas.
« La Poste est une entreprise comme les autres, elle se doit d’être rentable », me répète constamment la Présidente de la Commission départementale de la présence postale dans la Vienne à chaque fois que je l’interpelle aux séances du Conseil départemental. Elle n’a malencontreusement toujours pas réalisé que son rôle ne se bornait pas à vérifier que les termes de la convention entre l’Etat, les collectivités territoriales et la Poste étaient respectés, mais qu’elle avait à adopter le positionnement d’une élue locale qui doit mettre en avant l’intérêt général et celui de la population qui se plaint de plus en plus des services publics qui désertent les communes, notamment rurales. Car une « présence postale » (agence ou relais) ne rend pas les mêmes services qu’un bureau de poste de plein exercice. Tout le monde le sait, sauf les élu·es hors sol qui le découvrent lors d’une réunion à la préfecture !
Il y a un véritable paradoxe, en France, à demander aux citoyen·es de réduire leur consommation en énergie, leurs déplacements et de les éloigner de plus en plus des services publics. Il est absurde, au nom de la rentabilité, de fermer des centres de tri de proximité et de véhiculer le courrier à l’autre bout de la France pour le faire revenir dans la même ville. Ainsi, le courrier de Poitiers, avec la fermeture de la plateforme industrielle du courrier de Migné-Auxances, sera acheminé à Bordeaux par la route pour revenir à Poitiers… par la route. C’est la tendance dans toute la France. Comment pourrons-nous réduire notre impact sur le climat si nous sommes amenés à faire des trajets de plus en plus longs pour avoir la même qualité de service ? L’intérêt du Capital est toujours de faire plus de profit en diminuant le « coût du travail ». Le coût du transport n’est pas assez élevé, il est donc possible de supprimer la proximité. Et il est assez facile de faire des économies sur la masse salariale en fermant des bureaux et des centres de tri postaux.
A travers cet épisode de fermeture du bureau de poste Libération, cela a été l’occasion de prendre conscience de l’importance des services publics et du mépris des puissances de l’argent vis-à-vis de la population et de la préservation de notre environnement.
Les services publics sont
un bien commun
à préserver et à développer !
Ils sont notre richesse !

